Pagine a cura di Coline Kern e Dide Riviera

Pagine a cura di Coline Kern e Dide Riviera

giovedì 18 settembre 2008

Sébastien Mazière


Loin du contexte de l'art, de ses "excellences" et de ses égo, un projet a attiré grâce à son énergie en ce mois de septembre l'attention de Chorus une Constellation. Un hommage que quelques amis anonymes ont voulu rendre à un très jeune photographe disparu prématurement en novembre dernier.
Dans un espace d'exposition, Mycroft, ouvert, grâce à son directeur Etienne, aux projets les plus insolites et genéreux, a lieu une petite retrospective de Sébastien Mazière .
Un collectif a operé pour que ses photographies redeviennent visibles pour quelques jours à Paris. En accompagnant l'exposition par un dossier nous avons décidé de leur donner visibilité et soutien.
La Rédaction


Sébastien Mazière à la galerie Mycroft

Du mardi 23 au dimanche 28 septembre 2008 la galerie Mycroft présentera une rétrospective du photographe Sebastien Mazière (1980-2007) .

Un groupe anonyme d’amis a souhaité rendre hommage à ce jeune artiste qui a brusquement quitté en novembre dernier la scène de la photographie contemporaine française alors qu’il en était une des figures de proue.

L’exposition constitue l’occasion de découvrir ou retrouver un corpus d’images de rare beauté. Elle s’appuie sur la grâce et la délicatesse d’une série de portraits de femmes, sur le rapport, touchant et réciproque, qui s’instaurait entre l’artiste et ses modèles

Si le spectateur est d’abord séduit par l’esthétique que ce jeune artiste savait admirablement élaborer, il prend immédiatement conscience de ce qui a généré l’œuvre, quelque chose de beaucoup plus profond: le don que le jeune artiste faisait d’un regard unique, d’une capacité de se situer au cœur des choses, la floraison d’une complicité indescriptible entre le photographe et ses modèles qui touche à la mise à nu d’un courage, d’une liberté, d’une délicatesse qui échappent à tout commentaire.

Cette œuvre qui s’inscrit dans la thématique de l’instant, de l’expérimentation sans concession et de la force du rêve, génère aujourd’hui la capacité précieuse de regarder le monde avec poésie.

L’exposition comprend des tirages de ses photographies les plus célèbres, auxquels s’ajoutent des inédits. Elle prend place alors que d’autres événements sont à venir pour donner à l’œuvre de Sebastien Mazière l’attention qu’elle mérite.


Vendredi 26 à 18 h Coline et les soliloques DJ présente un dj set en hommage à Sébastien
Dimanche 28 à 16h30 grâce à la collaboration de la famille projection d'un film de Sébastien à la présence de Guillaume Demaison, l’ami qui signe avec lui le site internet (http://www.sebastienmaziere.com)

Sebastien Mazière
Galerie Mycroft
13, rue Ternaux
75011 Paris
de mardi 23 à dimanche 27 septembre
horaire de 15 heures à 19 heures
entrée libre
http://www.sebastienmaziere.com



Sébastien Mazière


Sébastien Mazière © colléction privée


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La revue Chorus una costellazione présente quelques images de Sébastien Mazière
tirées de différentes collections àl'occasion de l'exposition à la galerie Mycroft de Paris


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mercoledì 17 settembre 2008


Un appareil photo entre nous au lieu d’un verre.

Conversation avec Coline Kern



Née en 1988 Coline Kern est une jeune musicienne compositrice et dj. Active à son compte dans la musique sous le nom de P°ppermost, chef de file du projet de group Mrs Echoes, elle est aussi une figure emblématique des nuits parisiennes. Coline et les soliloques (DJ) joue au Truskel, au Tape, au Plastic, au Motel, au Ne Nous Fachons Pas et à Mains d'Oeuvres. Amie de Sébastien Mazière elle a participé à sa collection Rendez-vous. Nous avons décidé ainsi de l'interviewer...



Chorus una costellazione :

Est-ce que vous vous souvenez du jour où vous avez connu Sébastien ?

Coline Kern :

Un après-midi, alors que je descendais la rue Oberkampf, à Paris, avec une amie, un garçon en chemise à fleurs, un appareil photo à l’épaule, une casquette sur la tête et un sourire collé au visage descendit de sa bicyclette pour la saluer. Elle fit alors les présentations, et au bout d’une poignée de minutes, nous avions déjà prévu de nous retrouver le soir même au Pop In.

Est-ce qu’il vous a demandé très vite de poser pour ses images ?

En effet, le soir même !

Et vous rappellez vous de comment il a fait et de ce que vous lui avez répondu ?

Oui, nous étions en train de plaisanter tous les trois, on riait beaucoup, et il nous parla d’une série de photographies sur le thème des années cinquante qu’il avait en tête, et pour laquelle il avait pensé à moi en me voyant ! Je trouvais sa manière de poser la question tellement charmante que j’ai tout de suite dit oui.


Sébastien était quelqu’un qui dégageait une chaleur et une gentillesse profondes telles, qu’il paraissait logique d’accepter puisqu’on était tout de suite en confiance avec lui. Il ne paraissait ni sûr de lui, ni intimidé, il amenait le sujet simplement et posait la question de la même manière. Il est de ces personnes avec qui tout semble simple et enchanteur, il donnait envie de le suivre.


Qu’est-ce qu'il vous charmait de sa démarche, je veux dire avant même de voir ses images, quand vous étiez ensemble? Seriez vous à même de décrire ?

Il se contentait de me dire « voici une façade que j’ai repéré, tu peux te placer devant et on commence ! ». Alors pour moi qui n’avait jamais posé auparavant, je trouvais cela assez intimidant, je ne savais pas quoi faire, donc je lui parlais, et il n’arrêtait pas de me prendre en photo. C’était comme lorsqu’on discutait autour d’un bar, sauf que nous étions en plein milieu d’un trottoir et qu’il y avait un appareil photo entre nous au lieu d’un verre. Il changeait d’angle, n’arrêtait pas de photographier, murmurait des « Oh ! » « Ah ! » « Génial, c’est parfait ! », ça ressemblait à un jeu et c’était très agréable, nous riions beaucoup, et les gens qui passaient à côté semblaient amusés, et parfois s’arrêtaient.

(Description de l’acte photographique. Silence ? Mots ? Vous aviez la sensation que quand il était content de ce qu’il perçait par l’objectif ça se voyait ? Comment il sortait ses sujets de leur univers intérieur ? Comment il faisait en sorte que vous soyez si présente dans ses photographies ? Vous en avez une idée ? Quel rapport s'établissait-il à l’espace qui vous contournait ? Il restait longtemps avant de prendre une image ? Qui l’avait choisi cet espace ? Et comment ? Il a fallu attendre longtemps avant de trouver des lieux ? )

C’est lui qui avait choisi les endroits dans lesquels il m’emmenait, cela a pris des mois avant qu’il me rappelle pour faire cette séance, nous nous voyions mais ne mentionnions pas le sujet, je n’y pensais presque plus. A un moment, je croyais même qu’il avait plaisanté, mais quelques mois plus tard, il me rappelait pour me proposer de faire ces photos.

Et l’éclairage, la composition, la forme ?

Il comptait beaucoup sur la lumière, nous étions au mois de mai et le temps était capricieux, mais ce jour là la lumière était douce et lumineuse, et il était ravi.

Dans une de ses plus belles photos il vous photographie, et vous n'êtes presque pas là. On voit juste votre manteau, vos jambes, vos chaussures (nous pensons bien que c’est vous, non ?) Quel chef d’œuvre: parvenir par ces seuls éléments a fait ressortir on dirait presque votre émotion à ce moment là. Emotion ce n’est pas le bon mot. Mais cette … Vous êtes toute entière là et nous on ne voit qu’un bout de vous. Est-ce que vous partagez notre impression ? Cette sensation que nous avons qu’il savait tirer de rien la présence humaine, féminine dans ce cas là.

Tout ce que je sais c’est qu’il aimait beaucoup ces escarpins, et que lorsque la séance passa en intérieur (dans une laverie du XXème) il se mit à les photographier sans interruption, comme si c’était là qu’il fallait le faire. Tout ce que je sais, c’est que malgré le fait que son travail semblait instinctif, puisqu’il me laissait libre de mes faits et gestes, il savait parfaitement ce qu’il faisait et comment s’y prendre.

Souvent des photos de vêtements chez Sebastien disent tout d’une personne ou d’un corps sans qu’on le voie. C’est étonnant, non ?

A ce sujet, je ne sais pas quoi répondre, si ce n’est que Sébastien m’avait posé beaucoup de questions concernant ma garde-robe et l’avait relié au fait qu’il trouvait que j’avais des airs de Françoise d’Orléac, comme si c’était les ingrédients qui suffisaient à sa composition.



Et ensuite, plus tard, vous avez vu les photos qu'il avait faites de vous. Arrivez vous à reconstituer quels ont été vos sentiments : stupeur ? Bonheur ? Étonnement ?

Je les ai reçues en différé, au fur et à mesure que son travail avançait, il me faisait parvenir par mail les résultats potentiels de son travail, accompagnés de ses impressions et de la même question qui revenait : « Qu’en penses-tu ? J’attends tes impressions, n’hésites surtout pas à m’en faire part ! ».
A chaque fois, je ne m’attendais pas à un tel résultat, que ce soit au niveau des couleurs que de la composition, du recadrage, il transformait les lieux en émotions.

Vous avez eu la chance d’avoir l’amitié de Sébastien , pouvez vous nous parler de son amour pour l’art qui ressort si profondément - pour nous qui ne l’avons pas connu - de ses photographies ?

Nous parlions souvent de cinéma surtout, étant une grande fan de Godard et Truffaut, nos discussions tournaient autour de Françoise d’Orléac, Anna Karina, la façon de jouer, la simplicité des émotions, la beauté des images et la joie que nous procuraient ces histoires.
Nous parlions beaucoup de musique aussi, évidemment, puisque je suis Dj, et très attachée aux sonorités des années soixante, chose que nous partagions aussi.

Avez vous fait plus d’un cycle de photographies ensemble ?

Malgré le fait qu’il fut question d’une autre collection dans laquelle je devais apparaître, notre collaboration s’arrêta à sa dernière collection, l’unique fois où j’ai posé pour lui, c’était pour « Le Rendez-vous ».



Dans les portraits de Sébastien, même dans les plus solitaires ou les plus tristes il y a toujours , il nous semble, une énergie qui se dégage de l’intérieur, une sorte de confiance infinie en ce qui se passait sous ses yeux. Il nous est arrivé d’évoquer à ce sujet même le mot aujourd’hui très douloureux d’optimisme. Est-ce un leurre de notre part ou vous aviez la même sensation devant ses photographies?

Sébastien semblait concrétiser une image qu’il avait en tête lorsqu’il prenait des photos et disait : « C’est parfait ! », comme s’il savait à l’avance ce qu’il voulait, et l’obtenait ensuite. C’était très étrange puisqu’au départ, nous ne pouvions absolument pas savoir comment cela allait se passer, et pourtant…

Il y a une espèce de grâce ou de fête fragile du voir par laquelle il faisait émerger les choses qu’il aimait. Est-ce que nous nous trompons ?

Je pense que Sébastien avait une manière de voir les choses, les gens, toute à lui, qui ressort absolument à travers ses clichés. Regarder ses photos c’est un peu comme voir le monde tel qu’il le percevait, à travers ses yeux. Il arrivait à faire partager autant grâce à l’amour qu’il portait à la photographie, je ne vois pas d’autre réponse !

Comme s’il y aurait eu une trahison à ne pas vous accueillir toutes telles que vous étiez. A la fois y a-t-il un décalage qu'il aurait su créer entre vos images et vous, Coline ? Vous reconnaissez-vous dans ses photos ? Quelle partie de vous que vous aimez ou dont vous êtes curieuse reconnaissez vous en ces images qui vous restent ?

Je ne pense pas qu’il ne nous accueillait pas telles que nous étions mais qu’il nous offrait une vision de nous différente de celle que nous avions de nous-mêmes : la sienne. Dans ses photographies, je reconnais ma spontanéité, ma timidité et une grande tristesse due à mon histoire personnelle. Il semblait capter des émotions qui nous habitaient, de là une certaine indécence artistiquement magistrale.

Lisa Fossengrives, qui posait pour de grands photographes - Irving Penn ou Blumenfield par exemple - et qui en a fait la fortune parlait à propos de son expérience de modèle, d’une prolongation de la danse. Elle utilisait une expression telle « une danse immobile » ou parlait de « vibrations affectives » et vous comment avez vous vécu votre expérience avec Sébastien ?

Le moment entre le début de la séance et la fin était une expérience très particulière, de laquelle je suis sortie assez chamboulée, comme après avoir partagé quelque chose de très fort. Je ne sais pas comment expliquer ça. Je pense que le terme de « vibrations affectives » qu’a employé Lisa Fossengrives est le mot juste, qui résume tout.

Un portrait est une vraie collaboration entre l’artiste et son modèle. Réaliser une belle image ne relève pas du seul photographe. Quel rapport avez vous avec les photographies que Sébastien a fait de vous et tout le long de son œuvre ?

Je pense que son travail traduit la confiance et les rapports particuliers qu’il entretenait avec chacun des modèles.

Nous tenons à vous remercier, Coline Kern, de la gentillesse avec laquelle vous nous avez accordé cet entretien.

(propos recueillis par Dide pour Chorus Una Costellazione )
luglio 2008


Un traducteur d’âmes par l’image

Conversation avec Claire Cosnefroy




Sa première apparition publique remonte significativement à une série d’images magnifiques de Sebastien Mazière. Mais justement Claire Cosnefroy n’est pas du tout une mannequin, elle est en revanche une des musiciennes plus intéressantes et que Chorus une constellation suit plus volontiers dans la jeune scène pop française (http://www.myspace.com/lafiancee). Elle prépare en ce moment aux édtions Strictly Confidential, sous le nom de La Fiancée et avec des collaborateurs d’exception, son premier album dont nous avons eu la chance d'écouter déjà quelques morceaux (Nous y reviendrons au moment de sa sortie). Avec beaucoup de talent elle travaille aussi dans le monde de la mode comme styliste (en ce moment entre autres pour le magazine Elle). Sa présence nous a semblé particulièrement importante dans le cadre de l'hommage que notre revue souhaitait rendre à l'oeuvre de Sébastien Mazière. Nous l'avons ainsi interviewée.



Chorus una costellazione :

Comment vous avez connu Sébastien ?

La Fiancée :

J’ai rencontré Sébastien en mai 2007 par le biais d’amis communs. Il recherchait à cette époque des modèles pour un cycle de photographies sur les années 50 et 60. Il avait vu une photo de moi, l’a aimée et m’a contactée : il m’a envoyé un e-mail très gentil où il me présentait son projet et me proposait de travailler ensemble.
Nous nous sommes parlé plusieurs fois par téléphone et avons convenu très vite d’un rendez vous (nous étions tous les deux d’accord sur le fait qu’un bon projet est un projet qui se fait rapidement, dans la foulée, et que c’est comme ça que doivent se passer les choses quand deux volontés s’accordent parfaitement).
Nous nous sommes donc rencontrés au carrefour de l’avenue Ledru Rollin et du boulevard de Charonne, dans le 11e arrondissement, pas très loin de chez lui ; les lieux qu’il voulait photographier se trouvaient à proximité.
Je ne l’avais jamais vu mais je l’ai reconnu tout se suite, et j’ai su immédiatement que nous nous entendrions bien. C’est d’ailleurs l’image de lui dont je me rappelle le mieux : lui avançant vers moi avec sa casquette et sa chemise hawaïenne, souriant.

Est-ce qu’il a été facile pour Sébastien de vous convaincre à participer à son projet ? Vous hésitiez ? Et lui ?

Travaillant moi-même dans l’image mais plutôt de l'autre côté de l’objectif, l’idée d’inverser les rôles m’a séduite immédiatement, parce qu’elle me permettrait de comprendre un peu mieux mon métier.
J’étais néanmoins très intimidée, car je sais combien il est parfois difficile et absolument pas anodin de se laisser de cette façon regarder par quelqu’un : c’est quelque chose de très intime.
Mais je ne sais pas, je lui ai automatiquement fait confiance et j’avais envie de dépasser cette retenue en moi. Il m’y a aidée, et cette expérience reste unique et très singulière pour moi.

Qui plus est, j’ai tout de suite aimé son travail et la douceur qui s’en dégageait, qui s’accordait aussi parfaitement à mon projet musical. Nous nous sommes très vite entendus sur le fait que je puisse également utiliser des images pour ce dernier.

Qu’est-ce que vous aimiez,dans sa manière de photographier, avant même de shooter avec lui? Seriez vous à même de décrire?

Ce que j’ai aimé de prime abord, c’est que Sébastien savait que photographier des personnes et des mannequins sont deux choses radicalement différentes. Un mannequin apprend à poser et à se faire l’instrument d’un photographe.
Sébastien cherchait, je crois, à être un traducteur d’âmes par l’image, il cherchait me semble-t-il à être comme un filtre, à trouver dans ses modèles cette douceur qui l’habitait.
Au lieu de leur demander de bouger, ce qui aurait été inconfortable pour eux, embarrassant car poser n’est pas inné, Sébastien savait tourner autour d’eux jusqu’à ce qu’il trouve l’angle juste, le moment de grâce auquel il aspirait, le vent dans les cheveux, le regard dans le lointain…
Cela a beaucoup contribué à me mettre à l’aise, n’ayant rien d’autre à faire que d’être moi. J’ai aimé qu’il cherche autour de moi ses images, car cela traduisait pour moi une remise en question de sa part, l’expression d’une volonté d’action véritable, qu’il ne considérait pas que tout devait venir des autres.
D’autre part, Sébastien embellissait véritablement ses modèles. Contrairement à une certaine mouvance de photographes actuels, son but n’était pas de recueillir des instantanés parfois très crues. Il cherchait quelque chose de plus universel, de plus sensible, tant dans les poses que dans la couleur, quelque chose d’intemporel, sans être non plus dans la reproduction d’images mille fois vues.
Sébastien n’étais pas passéiste, mais portait en lui cette nostalgie et cette envie de beau et d’absolu. Son travail exprime une retenue, un respect et une douceur qui pouvait parfois étonner: ceux qui le connaissaient se souviennent sans doute de son rire tonitruant et de ses conversations très animées, un maximum de mots en un minimum de temps, comme s’il courait après le temps. Le temps est un élément majeur dans son travail.

Rentrons maintenant avec vous dans la description de l’acte photographique. Silence ? Mots? Vous aviez la sensation que quand il était content de ce qu’il perçait par l’objectif ça se voyait ? Comment il faisait en sorte que vous soyez si parlante dans les photographies ?
Dans le cas des images que vous avez faites ensemble qui avait choisi l’espace ? Et comment ? Il a fallu attendre longtemps avant de trouver un lieu ?

Pendant qu’il shootait, Sébastien et moi parlions. Il avait l’air de tenir à ce que tout se passe de la façon la plus décontractée possible, que je me sente bien, ce qui était à ses yeux la condition sine qua non pour atteindre ce qu’il voulait faire ressortir de moi.
Je l’ai laissé faire, du début à la fin, me contentant de m’immobiliser quand il tenait quelque chose, essayant d’être aussi proche que possible de moi. Je savais que la meilleure façon d’obtenir un travail de qualité était de m’en remettre complètement à lui, n’ayant aucune expérience dans ce domaine. J’ai toujours aimé travailler en équipe et nous en formions une pour une heure: j’ai aimé que nos volontés et efforts soient tournés vers un même et seul but.
Nous restions à chaque endroit environ un quart d’heure, il shootait beaucoup et très vite, et savait rapidement s’il avait ce qu’il cherchait ou pas. Il m’a beaucoup encouragée, ce qui m’a beaucoup aidée à me rassurer et à sentir ce qu’il cherchait ; cela m’a aussi entraînée à donner plus encore, et à chercher plus loin avec lui, à proposer des choses : tout était possible, je me sentais complètement libre, ce qui était vraiment agréable pour une première expérience.
Il ne faut pas oublier que se laisser regarder aussi longtemps par un inconnu est très étrange, et de là à se laisser capturer…

Quant aux lieux, il les avait choisis lui-même auparavant, dans son quartier, qui a conservé quelques vieilles devantures. Nous avons donc suivi une sorte de parcours avant de trouver la deux chevaux par hasard dans la rue, devant laquelle nous avons commencé à prendre des photos. Le propriétaire, un vieux monsieur, était assis à une terrasse juste à coté. Il est venu nous parler quelques minutes, et séduit par la gentillesse de Sébastien, nous a même ouvert la voiture afin que nous puissions continuer à shooter à l’intérieur !
Il m’avait par contre laissée libre de choisir les vêtements, pour peu qu'ils rencontrent la sensibilité de son univers.




Quelle importance accordait-il Sebastien, tandis qu’il travaillait avec vous, à l’éclairage, la composition, la forme ?

Un photographe ne prend jamais ses photos au hasard ; Sébastien cherchait donc effectivement un cadrage, une lumière qui l’intéressaient Mais il ne me semble pas que cela l’obsédait : c’est le sujet qui l’intéressait avant tout.
Son travail reposait cela dit sur une importante partie de post-production : il retouchait beaucoup les couleurs et les lumières pour obtenir cet espèce de voile d’années qui rend ses images si particulières et si reconnaissables.

Et ensuite il y a cette sensation que nous avons souvent devant ses images et qui surgit du fait qu’il savait concrétiser à partir de peu d’éléments la présence, du fait qu’il savait tirer de rien la figure humaine, en particulier féminine. Savoir dire la personne, sans qu’on la voie ou presque. C’est étonnant, non ?

Sans que ça soit forcement le cas des images que Sébastien a fait avec moi, il est vrai qu’il a réalisé un travail extraordinaire sur la femme et la féminité à partir d’éléments d’une simplicité extrême : la peau, les cheveux et leur incroyable sensualité, les plis et les transparences des vêtements, ainsi que des zones du corps qui ne sont pas souvent exposées, comme la nuque, les jambes… Sébastien savait recréer de micro-univers terriblement sensuels et intimes entre une joue et une épaule, dans une cage d’escalier, la douceur des couleurs… C’est là une des forces de son travail, et il était vraiment très agréable pour une femme d’être regardée par un tel regard d’homme.

Vous avez eu la chance de fréquenter Sébastien, pouvez vous nous parler de son amour pour l’art qui ressort si profondément - pour nous qui ne l’avons pas rencontré - de ses photographies ?

Je n’ai malheureusement pas connu Sébastien aussi bien que certains ont pu le faire.
Ce dont je me rappelle néanmoins est la fougue qui l’enflammait quand il évoquait certains films et la musique, qui tenait une part si importante dans sa vie.

Dans les portraits de Sébastien, même dans les plus solitaires ou les plus tristes, il y a toujours , il nous semble, une énergie qui se dégage de l’intérieur, une sorte de confiance infinie en ce qui se passait sous ses yeux. Il nous est arrivé d’évoquer à ce sujet même le mot aujourd’hui très douloureux d’optimisme. Est-ce un leurre de notre part ou vous aviez la même sensation devant ses photographies?

Il est toujours extrêmement délicat de faire abstraction des évènements et du regard nouveau qu’ils nous induisent à porter sur ses œuvres…
Néanmoins même si je vois dans certaines images de Sébastien des regrets et de la nostalgie, il est vrai que sous cette immobilité, parfois ces masques, ces femmes sont éminemment vivantes et présentes.

Arrivez vous à reconstituer pour nous quels ont été vos sentiments quand vous avez pu voir le travail fini et ce qu’il avait fait de vous ? Stupeur ? Bonheur ? Étonnement ?

J’ai été enchantée et très étonnée… Je ne m’étais jamais vue comme ça. J’ai même pensé que ce n’était pas moi… Il s’en dégage une douceur que je savais être mienne intérieurement mais que je ne montre que très rarement, cette fragilité que l’on préfère souvent garder pour soi dans un monde où l’on attend souvent de vous que vous soyez un soldat… J’y ai vu une grâce que son regard a su capter. Il a été pour moi très émouvant de prendre conscience que c’est ainsi que Sébastien me voyait.
Et même quand il n’avait pas son appareil, il arrivait de sentir qu’il cherchait quelque chose quand il vous regardait, qu’il allait plus loin chercher dans vos yeux… Cela pouvait être déstabilisant.

Cela nous rappelle qu’un portrait est toujours une de plus extraordinaires collaborations qui existent en art. Ce partage qui se crée entre l’artiste et son modèle demeure stupéfiant. Réaliser une belle image ne relève jamais du seul photographe. Quel rapport avez vous maintenant avec les photographies que Sébastien a faites de vous?

Je lui suis infiniment reconnaissante de m’avoir donné l’occasion de faire avec lui cette nouvelle expérience et de me découvrir de cette façon, de m’avoir permis de dépasser une peur très profonde vis-à-vis du regard des autres.
Je lui suis infiniment reconnaissante de m’avoir invitée dans son monde et celui de ses femmes. Je ne les connais pas toutes, mais j’ai parfois l’impression que d’avoir été regardées par le même homme nous a, d’une certaine façon, liées les unes aux autres.
Je me suis sentie très honorée qu’il m’ait choisie et vraiment ravie d’avoir pu l’aider à mener à bien l’un de ses projets.
Et je dois ajouter que ses images m’ont aidée (même s’il ne le sait malheureusement pas) à me reconstruire à une période difficile de ma vie : savoir que quelqu’un pouvait déceler toutes ces choses en moi et me voir de cette façon m’a redonné confiance en moi.
Je ne l’en remercierai jamais assez.

Nous vous remercions de vous être prêtée avec une telle franchise et une telle douceur à cet entretien.

propos recueillis pour Chorus Una Costellazione par Dide
settembre 2008




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Les tirages de cette exposition ont été réalisés avec le soutien du laboratoire Picto' .

Les organisateurs souhaitent remercier
Martine Mazière, Bruno François-Boucher, Eglantine Aubry et Guillaume Demaison.


© copyright pour toutes les images Sébastien Mazière


martedì 16 settembre 2008

Sébastien Mazière




Lontano dal contesto dell'arte, ovvero dalle sue logiche fatte di "eccellenze" e di ego, dall'economia e dall'arroganza di mercanti, artisti e critici, un progetto ha attratto grazie alla sua energia in questo mese di settembre l'attenzione di Chorus una costellazione. Un omaggio che alcuni amici anonimi hanno voluto rendere a un giovanissimo fotografo scomparso prematuramente nel novembre scorso.
In uno spazio espositivo, Mycroft, aperto ai progetti più insoliti e generosi, si svolge una piccola retrospettiva di
Sébastien Mazière .
Un collettivo si è adoperato perché le sue fotografie ritornassero visibili per alcuni giorni a Parigi. Accompagnando la mostra con un dossier d'approfondimento abbiamo deciso di dare loro visibilità e sostegno.

La Redazione


Da martedì 23 a domenica 28 settembre in un piccolo e vivacissimo spazio di arte contemporanea a Parigi, la galerie Mycroft, si tiene la prima retrospettiva di Sebastien Mazière (1980 – 2007) dopo la sua scomparsa nel novembre scorso.
La mostra costituisce una prima occasione per riscoprire una serie di immagini di questo giovane fotografo maestro dell'incontro. Scatti di commovente bellezza, sentieri di sabbia, giardini segreti, strade e vie ritirate nei quali soggetti che mai avevano posato prima accettavano di entrare nell'universo poetico della sua fotografia d'autore.
Feriscono la grazia e la delicatezza di una serie di ritratti di donna, colpisce il dono che l'artista faceva del proprio sguardo a chi, amico o sconosciuto, accettava di mettersi in gioco per lui.
Persona squisita , vicina ai musicisti e ai dj più giovani e interessanti, pubblicato da diverse riviste ( Eyemazing gli aveva per esempio dedicato un magnifico dossier ) Mazière ha lasciato un grande vuoto nella giovanissima scena artistica parigina.
Una serie di eventi collaterali accompagna la mostra di fotografia: una proiezione di un lungometraggio del fotografo, una presentazione del suo sito internet e alcuni concerti di musicisti e gruppi indipendenti che hanno voluto rendere omaggio a questo giovane talento che ci ha prematuramente lasciato.

Sebastien Mazière
Galerie Mycroft
13, rue Ternaux
75011 Paris
da martedì 23 a domenica 27 settembre
orario dalle ore 15 alle 19
ingresso libero
http://www.sebastienmaziere.com



Sébastien Mazière


Sébastien Mazière © collection privée


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La rivista Chorus una costellazione presenta alcune immagini di Sébastien Mazière
tratte da diverse collezioni in occasione della mostra parigina alla galerie Mycroft


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Una macchina fotografica tra di noi al posto di un bicchiere
Conversazione con Coline Kern



Nata nel 1988 Coline Kern è una giovane musicista compositrice e dj. Attiva in prima persona nella musica sotto il nome di P°ppermost, a capo di un concept group, i Mrs Echoes, è altresì una figura di punta delle notti parigine. Coline et les soliloques (DJ) suona al Truskel, al Tape, al Plastic, al Motel, al Ne Nous Fachons Pas e a Mains d'Oeuvres. Amica di Sébastien Mazière ha partecipato alla sua collezione Rendez-vous. Abbiamo deciso così di intervistarla...


Chorus una costellazione :

Si ricorda del giorno in cui ha conosciuto Sébastien ?

Coline Kern :

Un pomeriggio, mentre scendevo da rue Oberkampf, a Parigi, con un’amica, un ragazzo in camicia a fiori, una macchina fotografica a tracolla, un cappellino sulla testa e un sorriso stampato in volto scende dalla sua bici per salutarla. Lei fa le presentazioni, e dopo neanche pochi minuti avevamo già previsto di ritrovarci la sera stessa al Pop In [un simpatico bar parigino N.d.R.].

Le ha domandato subito di posare per le sue immagini ?

In effetti proprio la sera stessa !

E si ricorda di come ha fatto e di cosa ha risposto lei?

Sì. Stavamo scherzando tutti e tre insieme, si rideva molto, e ci parlò di una serie di fotografie sul tema degli anni ’50 che aveva in testa e per la quale aveva pensato anche a me vedendomi! Trovavo talmente affascinante il suo modo di domandarmelo che ho subito detto di sì.



Sébastien era qualcuno che emanava calore e una gentilezza così profondi che sembrava logico accettare poiché si era subito a proprio agio con lui. Non sembrava né sicuro di sé, né intimidito, introduceva il soggetto con semplicità e poneva la domanda nello stesso modo. Ci sono persone così con cui tutto sembra semplice e incantevole, dava voglia di seguirlo.

Che cosa la affascinava di più, voglio dire ancor prima d’aver visto le immagini che ha poi fatto con lei, quando eravate insieme? Riuscirebbe a descrivercelo?

Si accontentava di dirmi “ ecco una facciata che ho scovato, puoi metterti lì davanti e incominciamo!” Allora può capire cosa significasse per me che non avevo mai posato prima, trovavo tutto ciò imbarazzante, non sapevo che cosa fare, così gli parlavo e intanto lui non smetteva di fotografarmi. Era come quando si discuteva in un bar, salvo che eravamo proprio in mezzo al marciapiede e che c’era una macchina fotografica tra di noi al posto di un bicchiere. Cambiava posto, cambiava angolo, non smetteva di fotografare, mormorava: “Oh!” “Ah!” “geniale, è perfetto!”, rassomigliava a un gioco ed era piacevole, ridevamo molto e le persone che passavano sembravano divertite e talvolta si fermavano.

(Restiamo ancora un poco alla descrizione dell’atto fotografico. In silenzio? Parole? Aveva la sensazione che quando era contento di quel che percepiva attraverso l’obiettivo si vedesse? Come riusciva a tirar fuori i suoi soggetti dal loro universo interiore? Come riusciva a far sì che lei fosse così presente nelle sue fotografie? Ne ha un’idea? Che rapporto si stabiliva con lo spazio che vi circondava? Restava parecchio tempo prima di scattare una foto? Chi l’aveva scelto quello spazio? E come? C’è stato bisogno di aspettare a lungo prima di trovare i posti giusti?)

E’ lui che aveva scelto i posti nei quali mi portava, ci sono voluti mesi prima che mi richiamasse per fare questa seduta di scatti, ci vedevamo ma non menzionavamo mai la cosa, non ci pensavo quasi più. A un certo punto, credevo persino che avesse scherzato, ma qualche mese più tardi, mi richiamò per propormi di fare queste foto.

E le luci, la composizione, la forma?

Contava molto sulla luce, eravamo nel mese di maggio e il tempo era capriccioso, ma quel giorno la luce era dolce e luminosa ed era splendido, rapito.

In una delle sue più belle foto la fotografa e quasi lei non c’è. Le si vedono solo il cappotto, le gambe, le scarpe (pensiamo proprio che sia lei, noi?) Che capolavoro : riuscire con questi soli elementi a far venir fuori si direbbe quasi l’emozione di quel momento. Emozione forse non è la parola esatta. Ma quella … Lei è tutta lì e noi non ne vediamo che un pezzetto. Condivide la nostra impressione? La sensazione che abbiamo che sapesse tirar fuori da quasi nulla la presenza umana, femminile in questo caso.

Tutto quel che so è che amava molto quegli scarpini e che quando la seduta fotografica si spostò all’interno (in una lavanderia del CXX arrondissement) si mise a fotografare senza posa, come se fosse lì che bisognava farlo. Tutto quel che so è che malgrado il fatto che il suo lavoro sembrasse istintivo, poiché mi lasciava libera dei miei fatti e dei miei gesti, sapeva perfettamente quel che faceva e come farlo.

Spesso delle foto di abiti un Sébastien dicono tutto di una persona o di un corpo senza che li si veda. È stupefacente, non trova?

A questo proposito non so bene che rispondere se non che Sébastien mi aveva fatto un sacco di domande sul mio guardaroba e l’aveva legato al fatto che trovava che avessi un’aria da Françoise d’Orléac, come se fossero questi gli ingredienti che in quel caso sarebbero forse bastati alla composizione.


E in seguito, più tardi, quando ha visto le goto che aveva fatto? Riesce a ricostruire quali siano state le sue sensazioni? Stupore? Felicità? Meraviglia?

Le ho ricevute per così dire in differita, man mano che il suo lavoro andava avanti, accompagnate dalle sue impressioni e dalla stessa domanda che ritornava: “ Che cosa ne pensi? Aspetto le tue impressioni, non esitare soprattutto a rendermene partecipe!”.
Ogni volta non mi aspettavo un risultato così, che fosse al livello dei colori o a quello della composizione, o del recadrage, trasformava i luoghi in emozioni.

Ha avuto la fortuna di avere l’amicizia di Sébastien, può parlarci del suo amore per l’arte che scaturisce così profondamente – per noi che non l’abbiamo conosciuto – dalle sue fotografie?

Parlavamo spesso; di cinema soprattutto, essendo io una grande fan di Godard e di Truffaut, le nostre discussioni ruotavano intorno a Françoise d’Orléac, Anna Karina, il modo di recitare, la semplicità delle emozioni, la bellezza delle immagini e la gioia che ci procuravano le storie.
Parlavamo anche molto di musica, ovviamente, poiché io sono una Dj e molto legata alle sonorità degli anni ’60, un’altra cosa che condividevamo


Insieme avete fatto un solo ciclo di fotografie ?

Benché fossimo in ballo per un’altra collezione nella quale dovevo apparire, la nostra collaborazione si interruppe con la sua ultima collezione, l’unica volta che ho posato per lui è stato per « Le Rendez-vous ».



Nei ritratti di Sébastien, anche nei più solitari o i più tristi c’è sempre, ci pare, un’energia che si sprigiona dall’interno, una sorta di fiducia infinita in quel che gli capitava sotto gli occhi. Ci è capitato di evocare a questo proposito persino la parola ottimismo, oggi così dolorosa. Siamo in errore o aveva la stessa sensazione davanti alle sue fotografie?

Sébastien sembrava concretizzare un’immagine che aveva in testa quando faceva delle foto e diceva: “E’ perfetto!” come se avesse saputo in anticipo quel che voleva e lo ottenesse in seguito. Era molto strano perché in partenza, non potevamo assolutamente sapere cosa come si sarebbero sviluppate le cose, e tuttavia…

C’è una specie di grazia o di festa fragile del vedere attraverso la quale faceva emergere le cose che amava. Siamo in errore?

Penso che Sebastien avesse una maniera di vedere le cose, le persone, tutta sua che scaturisce assolutamente attraverso le sue stampe. Guardare le sue foto è un po’ vedere il mondo come lo percepiva, attraverso i suoi occhi. Arrivava a far condividere così tanto, grazie all’amore che aveva per la fotografia, non vedo altra risposta !

Come se vi avesse tradito non accogliervi nelle immagini come siete. E al tempo stesso però non c’è un dislivello che ha saputo creare tra le vostre immagini e voi? Lei si riconosce nelle sue immagini? Quale parte che ama di sé o di cui è curiosa riconosce in queste immagini che le rimangono?

Non penso che non ci accogliesse come eravamo, ma che ci offrisse una visione di noi diversa da quella che avevamo noi stesse: la sua. Nelle sue fotografie, riconosco la mia spontaneità, la mia timidezza e una grande tristezza dovuta alla mia storia privata. Sembrava captare alcune emozioni che ci abitano, da lì una certa indecenza artisticamente magistrale.

Lisa Fossengrives, che posava per dei grandi fotografi - Irving Penn o Blumenfield per esempio - e che ne ha fatto la fortuna a proposito della sua esperienza da modella parlava d’un prolungamento della danza. Utilizzava un’espressione come “una danza immobile” o parlava di “vibrazioni affettive” e lei come ha vissuto la sua esperienza con Sébastien?

Il momento tra l’inizio della seduta e la fine era un’esperienza davvero particolare, dalla quale sono uscita tutta scombussolata, come dopo aver condiviso qualcosa di molto forte. Non so come spiegare tutto questo. Penso che il termine “vibrazioni affettive” che ha impiegato Lisa Fossengrives sia la parola giusta, che riassume tutto.

Un ritratto è una vera collaborazione tra l’artista e il suo modello. Realizzare una bella immagine non dipende dal solo fotografo. Che rapporto ha con le fotografie che Sébastien le ha fatto e più in generale?

Penso che il suo lavoro traduca la fiducia e i rapporti particolari che c’erano tra di lui e ognuno dei suoi modelli.

Ci teniamo,Coline Kern, a ringraziarla per la gentilezza con la quale ci ha accordato quest’intervista..

intervista realizzata da Dide per Chorus Una Costellazione
luglio 2008


Un traduttore d’anime attraverso l’immagine

Conversazione con Claire Cosnefroy




La sua prima apparizione pubblica risale significativamente a una serie d’immagini di Sébastien Mazière, ma Claire Cosnefroy non è una mannequin, è invece una delle musiciste più interessanti e che Chorus una Costellazione segue più volentieri nella giovane scena pop francese (http://www.myspace.com/lafiancee). Prepara in questo momento per le edizioni Strictly confidential, sotto il nome di La Fiancée e con dei collaboratori d’eccezione, il suo primo album del quale abbiamo avuto la possibilità di ascoltare già alcuni pezzi ( e sul quale ritorneremo al momento dell’uscita). Con grande talento lavora anche nel mondo della moda come stylist (in questo momento per il giornale Elle France) La sua presenza ci è sembrata particolarmente importante nel quadro dell’omaggio che la nostra rivista rende all’opera di Sébastien Mazière. L’abbiamo così intervistata.

Chorus una costellazione :

Come ha conosciuto Sébastien Mazière?

La Fiancée :

Ho incontrato Sebastien nel maggio 2007 attraverso degli amici che avevamo in comune.
All'epoca cercava dei modelli per un ciclo di fotografie ispirate dagli anni 50 e 60. Aveva visto una mia foto, gli è piaciuta e mi ha contattata: mi ha spedito una e-mail molto gentile in cui mi presentava il suo progetto proponendomi di lavorarci insieme.
Ci siamo parlati diverse volte per telefono e ci siamo dati molto presto appuntamento (eravamo entrambi d'accordo sul fatto che un buon progetto è un progetto che si fa rapidamente, nell'immediatezza, e che le cose devono andare così quando due volontà si accordano perfettamente)
Così ci siamo incontrati all'incrocio dell'avenue Ledru Rollin e del boulevard de Charonne, nell'11° arrondissement, non troppo lontano da dove abitava ; i luoghi che voleva fotografare si trovavano lì vicino.
Non l'avevo mai visto e l'ho riconosciuto subito, e ho saputo immediatamente che ci sarebbe stata una bella intesa. D'altronde è l'immagine di lui che mi ricordo meglio: lui che viene sorridente verso di me con il suo cappellino e la sua camicia hawaiana.

E' stato facile per Sébastien convincerla a partecipare al suo progetto? Esitava? E lui?

Lavorando io stessa in effetti nell'immagine ma piuttosto dietro all'obiettivo, l'idea di invertire i ruoli mi ha sedotta immediatamente, Perché mi permetteva di capire un po' meglio il mio mestiere.
Tuttavia ero molto intimidita, perché so bene quanto è difficile talvolta e assolutamente anodino lasciarsi guardare in questo modo da qualcuno: è qualcosa di molto intimo. Ma non so, mi sono immediatamente fidata di lui e avevo voglia di oltrepassare questo ritegno che c'era in me. Mi ha aiutata e quest'esperienza, rimasta unica, è stata davvero singolare per me.
Non bastasse questo, ho subito amato il suo lavoro e la dolcezza che se ne sprigionava, che si accordava perfettamente anche al mio progetto musicale. E ci siamo velocemente intesi sul fatto che avrei potuto usare delle immagini per quest'ultimo.

La bellezza delle foto che avete fatto insieme così alimenta in chi le osserva una gioia.
Che cosa amava del suo modo di fotografare, prima ancora di lavorare con lui? Riesce a parlarcene?

Quel che ho amato più di ogni altra cosa, è che Sébastien sapeva che fotografare delle persone e delle mannequins sono cose radicalmente diverse. Una mannequin impara a posare e a farsi strumento di un fotografo.
Sébastien cercava, credo, d'essere un traduttore d'anime in immagini, cercava, mi sembra, di essere come un filtro, di trovare nei suoi modelli questa dolcezza che l'abitava.
Invece di chiedergli di muoversi, il che sarebbe stato poco confortevole per loro, imbarazzante perché posare non è cosa innata, Sébastien sapeva girare intorno a loro, sino a trovare l'angolo giusto, il momento di grazia al quale aspirava, il vento tra i capelli, lo sguardo lontano... Ciò ha molto contribuito a mettermi a mio agio, non avendo nient'altro da fare se non esser me stessa.
Mi è piaciuto che cercasse intorno a me le sue immagini, poiché ciò traduceva per me un rimettersi in questione da parte sua, l'espressione di un'autentica azione, il fatto che non considerasse che tutto dovesse venire dagli altri.
D'altra parte, Sébastien proprio impreziosiva i suoi modelli. Contrariamente a un orientamento dei fotografi attuali, il suo fine non era di raccogliere delle istantanee talvolta molto crude. cercava qualcosa di più universale, di più sensibile, tanto nelle pose quanto nei colori, qualcosa di intemporale, senza nemmeno essere nella riproduzione di immagini viste mille volte.
Sébastien non era un passatista, ma portava in sé questa nostalgia e questa voglia di bellezza e d'assoluto. Il suo lavoro esprime un ritegno, un rispetto e una dolcezza che poteva talvolta meravigliare: quelli che lo conoscono si ricordano senza dubbio della sua risata tonante e delle sue animatissime conversazioni, il massimo di parole possibili nel minimo tempo possibile, come se corresse dietro al tempo. Il tempo è un elemento maggiore nel suo lavoro.

Passiamo adesso alla descrizione dell'atto fotografico. Silenzio? Parole? Aveva la sensazione che quando era contento di quel che percepiva attraverso l'obiettivo si vedesse? Come riusciva a far sì che fosse così , nelle fotografie? Nel caso delle immagini che avete fatto insieme chi aveva scelto lo spazio? E come? C'è stato bisogno di aspettare a lungo prima di trovare un luogo?

Mentre scattava, Sébastien e io parlavamo. Dava l'impressione di tenere a che tutto accadesse nel modo più rilassato possibile, a che mi sentissi bene, il che ai suoi occhi era una condizione sine qua non per raggiungere quel che voleva venisse fuori da me.
L'ho lasciato fare dall'inizio alla fine, accontentandomi di immobilizzarmi quando otteneva qualche cosa, nel tentativo d’essere il più possibile vicino a me. Sapevo che il miglior modo di ottenere un lavoro di qualità era di affidarmi completamente a lui, non avendo alcuna esperienza in questo campo. Mi è sempre piaciuto lavorare in équipe e noi per un'ora ne formavamo una: mi è piaciuto che le nostre volontà e i nostri sforzi fossero rivolti verso lo stesso e solo fine.
Restavamo in ogni posto più o meno un quarto d'ora, scattava molto e con grande velocità, e sapeva rapidamente se stava ottenendo ciò che stava cercando oppure no. Mi ha molto incoraggiata, il che mi ha molto aiutata a rassicurarmi e a sentire quel che cercava; tutto ciò mi ha portato a dare ancor di più e a cercare con lui ancora più lontano, a proporre delle cose: tutto era possibile, mi sentivo completamente libera, il che era veramente piacevole per una prima esperienza.
Non bisogna dimenticare che lasciarsi guardare così a lungo da uno sconosciuto è molto strano, e da lì a lasciarsi catturare...
Quanto ai luoghi, li aveva scelti lui stesso prima, nel suo quartiere, una zona che ha conservato alcune vecchie facciate. Abbiamo seguito allora una sorta di percorso prima di trovare per caso lungo la strada la due cavalli davanti alla quale abbiamo cominciato a scattare delle foto.
Il proprietario, un vecchio signore, era seduto alla terrazza di un caffè, proprio accanto. E' venuto a parlarci per qualche minuto e sedotto dalla gentilezza di Sébastien ci ha persino aperto la macchina perché potessimo continuare a scattare anche all'interno!
Mi aveva poi lasciata libera di scegliere gli abiti purché si adattassero con sensibilità al senso del progetto.




Che importanza accordava Sébastien, mentre lavorava con lei alle luci, alla composizione, alla forma?

Un fotografo ovviamente non fa mai le proprie foto a caso; Sébastien cercava in effetti un'inquadratura, una luce che lo interessassero. Ma non mi sembra che questa fosse per lui un'ossessione: è il soggetto che lo interessava prima di tutto.
Il suo lavoro riposava detto questo su una importante parte di post-produzione: ritoccava molto i colori e le luci per ottenere questa specie di velo d'anni che rende le immagini così particolari e così riconoscibili.

E poi c'è questa sensazione che abbiamo spesso davanti alle sue immagini che proviene dal suo saper concretizzare da pochissimi elementi, da quasi nulla la presenza umana, femminile in particolare. Saper dire la persona, da un vestito, da un dettaglio, senza quasi che la si veda... Meraviglioso, no?

Senza che sia per forza il caso delle immagini che Sébastien ha fatto con me , è vero che ha realizzato un lavoro straordinario sulla donna a partire da elementi di una semplicità estrema: la pelle, i capelli e la loro incredibile sensualità, le pieghe e le trasparenze degli abiti, come le zone del corpo che non sono spesso esposte, la nuca, le gambe... Sébastien sapeva ricreare dei microuniversi terribilmente sensuali e intimi, tra una guancia e una spalla, in uno scendere di scale, la dolcezza dei colori... E' uno dei punti di forza del suo lavoro, ed è veramente molto piacevole per una donna esser guardata da uno sguardo d'uomo così.

Ha avuto la fortuna di frequentare Sébastien, può parlarci del suo amore per l'arte che scaturisce così profondamente - per noi che non l'abbiamo incontrato - dalle sue fotografie?

Sfortunatamente non ho conosciuto Sébastien come certi hanno potuto fare. Però mi ricordo della foga che lo infiammava quando evocava certi film e la musica, che occupava una parte così importante della sua vita.

Nei ritratti di Sébastien , anche nei più solitari o nei più tristi c'è sempre, ci sembra, un'energia che scaturisce dall'interno, una sorta di fiducia infinita in quel che capitava sotto i suoi occhi. Ci è capitato di evocare a questo proposito persino la parola ottimismo, oggi così dolorosa. Ci siamo ingannati a suo avviso o lei aveva la stessa sensazione davanti alle sue fotografie?

E' sempre estremamente delicato fare astrazione dagli eventi e dallo sguardo nuovo che inducono a portare sulle opere...
Tuttavia anche se vedo in certe immagini di Sébastien dei rimpianti e della nostalgia, è vero che sotto quest'immobilità, talvolta queste maschere, quelle donne sono soprattutto vive e presenti.

Riesce a ricostruire per noi quali siano stati i suoi sentimenti quando ha potuto vedere il lavoro finito che era riuscito a fare con lei? Stupore? Felicità? Meraviglia?

Sono rimasta incantata e molto meravigliata... Non mi ero mai vista così. Ho persino pensato di non essere io... Se ne sprigiona una dolcezza che sapevo essere mia interiormente ma che non mostro che rarissimamente, questa fragilità che si preferisce spesso conservare per sé in un mondo in cui ci si attende spesso da noi che si sia come soldati... Ho visto una grazia che lui ha saputo captare. Per me è stato molto commovente prendere coscienza del fatto che è così che Sébastien mi vedeva.
E anche quando non aveva la macchina fotografica, capitava di sentire che cercasse qualcosa guardandoti,che andasse più lontano, a cercare negli occhi... Poteva essere destabilizzante.

Questo ci ricorda che un ritratto è sempre una delle più straordinarie collaborazioni che esistano nell'arte. Questa condivisione che si crea tra l'artista e il suo modello permane stupefacente. Realizzare una bella immagine non dipende mai dal solo fotografo. Che rapporto ha adesso con le fotografie che Sébastien le ha fatto?

Gli sono infinitamente riconoscente di avermi dato l'occasione di fare con lui questa nuova esperienza e di scoprirmi in quella maniera, di avermi permesso di oltrepassare una paura molto profonda nei confronti dello sguardo degli altri.
Gli sono infinitamente grata di avermi invitata nel suo mondo e in quello delle sue donne. Non le conoscevo tutte, ma talvolta ho avuto l'impressione che essere state guardate dallo stesso uomo ci ha, in un certo senso, legate l'una all'altra. Mi sono sentita molto onorata del fatto che mi avesse scelta e davvero rapita all'idea d'aver potuto aiutarlo a portare a termine uno dei suoi progetti.
E devo aggiungere che le sue immagini mi hanno aiutata (anche se non lo sa sfortunatamente) a ricostruirmi in un periodo difficile della mia vita: scoprire che qualcuno potesse scorgere e svelare tutte queste cose in me e vedermi in questo modo mi ha ridato fiducia in me stessa.
Non lo ringrazierò mai abbastanza.

Anche noi la ringraziamo d'essersi prestata con franchezza e dolcezza a questa breve intervista.

intervista raccolta da Dide per Chorus una costellazione
settembre 2008
Dide

La fotografia è un’ombra amica che lo sguardo offre alla luce
Su Sebastien Mazière



Le Champagne, si on a le temps de l'écouter,
fait le même bruit dans sa mousse et son
verre que la mer sur le sable.
Max Jacob



Ho incontrato – e amato – alcune fotografie di Sebastien Mazière prima che se ne andasse bruscamente. E ho pensato tante volte, poiché avevamo alcune conoscenze in comune, di scrivergli. Non l’ho mai fatto; non ci siamo mai incontrati. Amavo il modo in cui in queste immagini ritraeva; la persona e lo spazio entravano nel suo obiettivo senza mai perdere la vita. C’era in queste sue fotografie malgrado tutte le influenze che qualche pedante critico non mancherà un giorno di elencare, un’esperienza acuta e giovane e mi colpisce ancora in esse, se le osservo, una sorta se vogliamo di incanto o di felicità inesauribile che questo fotografo sapeva attribuire al visibile. Tempo puro: magia. L’istantanea come supporto cessava di subire i codici ai quali la sottopone di solito l’assegnazione a una categoria (fotografia di moda, ritratto, paesaggio); sintesi di un punto privilegiato, alcune sue fotografie diventavano attraverso Sebastien una sorta di compimento semplice e invisibile del guardare: qualcosa che si apriva per sempre, ma senza farsi sospendere nel finito di un attimo.


In altre parole si potrebbe anche dire che Sebastien Mazière abbia cercato di mostrare come la fotografia sia per lui l’ombra che lo sguardo fa alla luce nell’ora più calda del cuore per tenergli compagnia.
Credo che la sua capacità di immaginare e di vedere chi accettava di mettersi in gioco per lui davanti all’obiettivo - e il dono che aveva di portarci a conoscere questa o quella persona - mi tocchi o mi accompagni molto più profondamente di quanto oggi io possa dire.
Sebastien sapeva far risuonare con una liricità scevra di effetto e personale legata ai primordi della fotografia le semplici possibilità che la persona racchiude e aveva cura per questo di scegliere i propri soggetti senza mai eludere con loro la necessità di muoversi in una familiarità straniera, dunque, per questo, vitale.
Chiesto aiuto a Anne, Chloë, Claire, Coline, o a qualcun’altra delle sue amiche, soprattutto non voleva in un certo senso che esse posassero.
Il punto effimero dal quale si incomincia a guardare una sua immagine si rivela spesso una riva, può essere un sentiero di sabbia,un giardino segreto, una strada o via ritirata.
Lo spazio, i luoghi sono importanti quanto le persone che li invadono, li avvicinano, li sfiorano,li cancellano. In essi persone che spesso mai in vita loro si erano messe davanti all’obiettivo hanno accettato, entrate in un vero universo, di giocare con il suo sguardo. C’è una grande pace e un’idea limpida della femminilità nei suoi scatti.
Universo certo onirico e di poesia, il mondo rivelato da Sebastien turba però chi osserva perché si è naturalmente spinti in un gioco di rinvii che ci chiedono con semplicità di meravigliarci, di amare, di indovinare.
La predilezione di Sebastien andava senza dubbio, forse senza saperlo, a una lunga tradizione artistica che ha origini lontanissime, trova nella Grecia i suoi teorici [La bellezza come il più manifesto (ekfanestaton) e quindi il più amabile (erasmiotaton)] , e si affida da sempre alla grazia di quanto è presente.


La sua concentrazione si dirigeva spontaneamente laddove la presenza era attraverso il suo brillare (éclat) sintomo di bellezza, laddove l’immaginazione costituiva un poter vedere (dunque un modo da parte di chi era ritratto di potersi scoprire e da parte di chi ritraeva di trovarsi su precipizi di dolcezza) e dove l’intelligenza e la finezza erano il tramite per una sensibilità altrimenti sconosciuta. Colpisce in quest’opera immatura e visionaria che oggi è conclusa la sua scatenata fedeltà all’éclat e al segreto.


Quando ho appreso la notizia della morte di Sebastien Mazière non l’ho considerata possibile. Ed è possibile che questo testo ne soffra. Ancora oggi non riesco ad adattarmi a questa sensazione di vertigine e di perdita che le sue immagini in me non consolano. Dietro a uno sguardo vi è una persona e spesso osservando i volti che Sebastien ha ritratto mi è capitato di pensare che dovesse essere guidato da un’intuizione simile a quella per cui Chrétien de Troyes nel Cligès dice che “l’occhio è lo specchio del cuore”.


Vorrei che fosse chiaro però che questo è un saggio che scrivo come se Sebastien fosse ancora tra noi, scritto dunque come mi sarebbe piaciuto fare in ogni caso. Vorrei riuscire a restituire qualcosa del piacere che mi da sempre guardare le sue fotografie, ma con desiderio analogo a quello che vi sarebbe se si potesse uscire insieme a bere un bicchiere e a fare due chiacchiere su cose estremamente serie e divertenti (sapremmo noi di cosa e sicuramente gli citerei Welles : “ Parlo con i Cahiers du cinéma [...]. Ma è tutta una finzione. Io sono un impostore: parlo pefino dell'"arte del cinema". Non parlerei mai ai miei amici dell'arte del cinema: preferirei essere sorpreso senza calzoni nel bel mezzo di Times Square.”). Non sarebbe inutile aver messo delle parole su quel che le immagini dicono da sole, forse, se tutto ciò suonasse come un monito a chi legge a non essere così stupido e timido da non condividere la propria gioia con qualcuno il cui lavoro o la cui persona tocchino con semplicità e senza la contraffazione dell’arte qualcosa al cuore delle poche ragioni per cui ci siamo.


Raggiungere : Sebastien sapeva farlo, dissipando nel soggetto che si decideva a rappresentare ogni distrazione, ogni paura, ogni simulazione.
La sua fotografia è dunque innanzitutto la storia di un incontro con la lontananza dell’immediato, con quanto nel soggetto è solo in apparenza intimità inafferrabile.



Ma è anche la storia di una sparizione: quella appunto della tensione con la quale nella vita di tutti i giorni ci riveliamo. Dolce doveva dunque essere la sorpresa per chi si lasciava ritrarre da lui nel trovare in ogni suo scatto l’occasione di farsi ispirazione.
Come se il vetro dell’apparire fosse infranto e tenersi sulla soglia del guardare altro non fosse che restituire vita alla vita.
Comprendere l’io, la sua melodia; indovinarne la libertà, esaltando l’istante, facendone una discesa limpida al cuore delle cose.


Senza dubbio attraverso una coscienza dell’inquadratura essenziale, sovente costruita après coup, Sebastien raggiungeva l’altro nel suo cercare.
Una scrittura del corpo dichiarata con coraggio, una perseveranza quasi bambina nel mettere a nudo lo stupore, una capacità paziente di trovare i gesti, una capacità di liberare le sue muse, di suggerire una direzione dell’io attraverso un semplice dettaglio (l’uso di descrivere tra i capelli il vento per esempio, di scoprire attraverso il vestire, di sottolineare un silenzio o un’ambizione attraverso una linea dell’aspetto). Erano queste alcune delle doti naturali di Sebastien.


Il suo modo di raccontare in un ritratto l’eterno femminino, la precarietà, la semplicità, la fuggevolezza dei suoi soggetti e delle sue immagini sono doni ai quali non possiamo rinunciare.
A essere desti davanti all’accadere delle cose: ecco a cosa le fotografie di Mazière ci invitano anche oggi. A osservarle con innocenza si può scoprire che vi è in ognuna di esse il suo girovagare, vi sono i suoi viaggi, gli incontri, vi sono le sue passioni, le sue amicizie, il suo amore e le debolezze e le magie di quel che all’improvviso ma lungamente atteso gli si consegnava illuminandolo.


Mi colpisce infine la sua capacità di vegliare – e non solo nella serie di foto che non per caso ha fatto dall’alto – , la consapevolezza con la quale decide di mostrare che esiste anche ciò che non si può rappresentare; che ciò che si riceve o si protegge e viene mostrato non è tutto, in cui in definitiva affida a ogni sua immagine il compito di raccontare che ognuna delle sue ragazze era - anche - molto di più e altro.






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Les tirages de cette exposition ont été réalisés avec le soutien du laboratoire Picto' .


Les organisateurs souhaitent remercier
Martine Mazière, Bruno François-Boucher, Eglantine Aubry et Guillaume Demaison.


© copyright pour toutes les images Sébastien Mazière